Béatifié le 13 juin 1999 à Varsovie dans le groupe des 108 martyrs polonais de la Seconde Guerre mondiale.
vie
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Boleslaw Frackowiak, naquit le 18 juillet 1911 à Lowecice près de Jarocin (Grande Pologne) dans une famille de cultivateurs, huitième de douze enfants. Il fut baptisé à l'église paroissiale de Cerekwica, suivit les cours primaires à l'école polonaise. Dès son enfance il fut servant de messe, il rendait souvent service au curé. Tous les mois il se confessait et recevait la communion. Le dimanche, son père avait l'habitude d'interroger ses fils sur le contenu du sermon entendu à la messe. Boleslaw savait répéter exactement les paroles du curé.
En 1927 la Société du Verbe Divin ouvrit le Petit Séminaire pour les vocations tardives à Bruczków, non loin du village de Boleslaw. Alors, ses parents, suivant les conseils du curé qui avait découvert en ce jeune homme sa vocation religieuse, l'inscrivirent au cours secondaire. Sorti d'une école de village, Boleslaw ne put pas suivre avec succès l'enseignement du Petit Séminaire. Ses éducateurs lui conseillèrent de devenir frère religieux. Il fut admis au postulat SVD à Górna Grupa en 1929 et, après un an, le 8 septembre 1930, commença le noviciat. Il y reçut le nom religieux de Grégoire. Après deux ans de noviciat, il prononça ses premiers vœux. Toujours souriant et serviable, il apprenait le métier de relieur. Il aidait à la cuisine, à la sacristie et à l'accueil. Il s'occupait tout particulièrement des pauvres en disant qu'un pauvre est le Christ lui-même qui frappe à la porte de la maison et pour cette raison il faut le servir avec amour. De cette période proviennent ses carnets de prières et ses notes : "Exercices spirituels quotidiens" et "Exercices spirituels" dans lesquels, aux prières recopiées de livres pieux, s'ajoutent ses prières personnelles. Les confrères respectaient le frère Grégoire, et les élèves de l'internat lui manifestaient leur estime en le choisissant comme conseiller privilégié. Son directeur spirituel le montrait aux autres comme modèle de religieux. Le Frère Grégoire prononça ses vœux perpétuels le 8 septembre 1938.
La guerre éclata, et la Gestapo transforma la maison religieuse en camp d’internement pour les prêtres. Les religieux qui n'étaient pas prêtres furent autorisés à partir mais le frère Grégoire resta en se proposant comme serviteur des internés. En février 1940, quand on transféra les internés dans un camp de concentration, on l'obligea à quitter Górna Grupa. Tout d'abord il habita chez son frère à Poznan mais, n'ayant pas reçu l’autorisation de séjour, il retourna dans sa famille, au village. Sans tarder il s'engagea clandestinement dans les activités paroissiales. Deux fois par semaine il enseignait le catéchisme aux enfants, les préparait à la première Communion, visitait les malades et les personnes âgées. Après l'arrestation du curé il prit soin du Saint Sacrement et se chargea des affaires de la paroisse.
martyre
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Les autorités allemandes de Jarocin apprirent, on ne sut comment, que le frère Grégoire était relieur de profession et l'assignèrent au travail à l’imprimerie. Entre temps Grégoire s'était engagé dans la Résistance et colportait un journal clandestin "Pour toi, Pologne" mais il cessa bientôt cette activité sur les conseils de son confrère, le père Kiczka. Quand la Gestapo découvrit le réseau de distribution de ce journal, le frère Grégoire n'y était plus depuis un an. Il n'était donc pas en danger, mais, poussé par l'amour du prochain, il désira aider ses camarades. Il prit conseil du père Kiczka, se confessa et reçut la Communion. Le lendemain il se présenta à la Gestapo et prit sur soi toute la responsabilité du colportage pour sauver les inculpés. A la suite de quoi la plupart d'entre eux furent libérés.
De la prison de Jarocin il fut transféré à Poznan au Fort VII, converti en prison. Son frère écrivit: «Je lui ai apporté un paquet de vivres. Il m'a fait remettre par les gardiens un balluchon contenant une montre cassée, un chapelet déchiré, une chemise tachée de sang, beaucoup de sang...» Son frère retint ses paroles : «Je pense que l'oncle Vincent est à la maison. Qu'il tienne bon. Il a été lui aussi dénoncé. J'ai pris tout sur moi parce que si je meurs, je suis seul, et lui il a une femme et des enfants.»
Frère Grégoire ne dénonça personne et, de cette façon sauva son frère et les autres inculpés. Au Fort VII il resta jusqu'à la fin de 1942. Tous les jours il priait avec les prisonniers. Quand ses oppresseurs découvrirent qu'il était religieux, ils multiplièrent les tortures et choisirent les plus atroces.
Début 1943 il fut transféré à la prison de Dresde où il fut condamné à mort. Quelques heures avant sa mort il écrivit à sa famille : «Pour la dernière fois dans la vie je vous écris cette lettre. Quand vous la recevrez, je ne serai plus de ce monde parce qu'aujourd'hui, 5 mai 1943 à 6h15 du soir je serai décapité. Dites pour moi un Requiem. Dans 5 heures de temps je serai froid mais cela ne fait rien, priez seulement pour le repos de mon âme et des âmes de nos proches. Là-haut je saluerai de votre part notre père décédé et tous les morts de notre famille. Je ne sais pas s'il faut dire à la mère que je suis mort. Faites ce que vous jugerez le mieux. Je n'ai pas de regrets. Je vous salue tous et je vous attends auprès de Dieu. Je salue aussi mes confrères à Bruczków et tous ceux que je connais. Que Dieu vous bénisse ! Restez de bons chrétiens! Je vous demande pardon. J'ai pitié de notre vieille mère bien-aimée. A Dieu, au revoir au ciel ! Mes habits religieux, rendez-les après la guerre aux confrères à Bruczków.»
Dans le souvenir de ses confrères, le frère Grégoire reste jusqu'aujourd'hui l'exemple de l'amour du prochain parce qu'il offrit sa vie pour sauver les autres.